Publié le 24 Juin 2024
Les termites, abondants dans les forêts tropicales, pourraient à l’avenir envahir les grandes métropoles connectées, selon une équipe de chercheurs ayant modélisé leur répartition. Provenant des zones tropicales, ces insectes commencent à coloniser de nouveaux territoires. Certaines espèces envahissantes auraient par exemple atteint la Floride grâce aux yachts de luxe, explique Edouard Duquesne, doctorant au laboratoire « Évolution biologique et écologie » de l’Université libre de Bruxelles et principal auteur, avec Denis Fournier, de cette étude publiée dans Neobiota. Le jeune chercheur a examiné les 10 espèces de termites les plus envahissantes et modélisé les scénarios futurs : où seront ces insectes demain ? « Diverses études montrent que de nombreux termites envahissants sont arrivés via les yachts, qui font des escales fréquentes, notamment dans les Caraïbes, où les termites sont abondants ». Une fois sur le continent, ces bateaux restent quelques jours, ajoute le scientifique, « et à Miami, les termites sont attirés par les lumières de la ville ou du port et migrent du bateau vers la ville ».
Edouard Duquesne, au sein du laboratoire de Denis Fournier, spécialiste des espèces envahissantes, a cherché à prédire où ces termites envahissants se dirigeront à l’avenir, selon différents scénarios climatiques et de développement. « Plus nous continuons à émettre du CO2, à nous urbaniser massivement et à fragmenter la planète, plus le nombre de termites envahissants pourrait augmenter et plus leurs territoires s’étendraient. Les villes très connectées comme Paris ou Londres seraient particulièrement touchées », explique le scientifique. Bien que ces zones soient tempérées, elles ne seront pas épargnées selon les modélisations réalisées par Edouard Duquesne, en raison de leur forte interconnexion.
L’intérêt de ce travail de simulation réside dans les indications qu’il donne pour agir. Grâce aux sciences participatives, chacun peut, à son niveau, contribuer à limiter la propagation des termites. Si l’on trouve ces insectes, il suffit de les photographier et de poster les clichés sur l’application iNaturalist. Cet outil de suivi de la biodiversité permet aux scientifiques d’alerter en temps voulu et, le cas échéant, d’informer les autorités. En raison de la lenteur des termites, il est possible d’endiguer leur propagation si on les localise avant l’invasion. De fait, sur les 3000 espèces de termites connues, seule une soixantaine sont nuisibles et près d’une trentaine sont qualifiées d’envahissantes, précise M. Duquesne.