Publié le 18 Septembre 2024
Le séminaire organisé le 27 mars 2024 par le Cerema et le CVRH de Paris, à la demande de la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP), a réuni une centaine de participants pour discuter de la baisse du nombre de résidences principales dans les territoires touristiques. Intitulée « L’attrition des résidences permanentes dans les territoires touristiques — Observer et agir », cette journée a permis de mettre en lumière la complexité de ce phénomène et d’explorer des pistes d’action. Ce sujet est devenu de plus en plus préoccupant dans un contexte de tension accrue sur les marchés immobiliers des zones touristiques, en grande partie due à la prolifération des résidences secondaires et des locations meublées de courte durée.
Le constat, partagé par les experts et les élus locaux, met en avant les difficultés croissantes des populations locales et des travailleurs saisonniers à accéder à un logement permanent. Ce problème est largement attribué au développement massif des plateformes de location saisonnière comme Airbnb, Abritel ou Booking, qui contribuent à une forte réduction du parc de logements disponibles pour les résidents à l’année. Toutefois, ces activités touristiques restent essentielles pour l’économie de nombreuses régions, créant ainsi un dilemme entre la préservation de l’économie touristique et la nécessité de garantir un accès au logement pour les habitants.
Lors du séminaire, les participants ont échangé sur les premières mesures prises par le gouvernement pour répondre à cette situation. Un rapport d’inspection publié en 2022 par plusieurs inspections générales (IGF, IGA, IGEDD) a jeté les bases de réflexions approfondies sur cette problématique. À la suite de ce rapport, un groupe de travail national, réunissant trois ministres et de nombreux élus, s’est réuni à plusieurs reprises en 2023 pour analyser la situation et proposer des solutions. Ces efforts ont conduit à l’adoption de mesures dans le cadre de la loi de finances pour 2024, visant notamment à mieux encadrer les locations touristiques et à favoriser le développement de logements abordables dans les zones tendues.
Cependant, malgré ces avancées, un besoin criant demeure : améliorer la connaissance du phénomène au niveau local. Les données actuelles, provenant de recensements ou de fichiers fonciers, s’avèrent insuffisantes pour identifier avec précision les logements concernés par cette dynamique. Plusieurs outils existent toutefois pour pallier ce manque d’information. Parmi eux, des sources institutionnelles comme Eurostat, ou encore des données issues de la réglementation comme la taxe de séjour peuvent être exploitées. Des initiatives privées, telles que celles proposées par Inside Airbnb ou AirDNA™, offrent également des solutions pour une meilleure compréhension de la situation.
Le séminaire a aussi mis en avant des outils innovants développés pour surveiller ces évolutions, comme la plateforme CONITIFF® du Cerema ou le tableau de bord de l’Observatoire des territoires. De plus, l’API Meublés, dont l’expérimentation a été validée par la loi SREN de mai 2024, devrait permettre d’harmoniser les données à l’échelle nationale dès 2025.
Bien que des actions aient été lancées dans certains territoires pour freiner la baisse des résidences principales, comme la régulation des meublés touristiques ou la reconversion de structures hôtelières en logements permanents, il est clair que des efforts continus seront nécessaires. L’engagement sur le long terme des acteurs locaux, conjugué à l’appui du gouvernement, sera impératif pour parvenir à un équilibre entre l’activité touristique et la préservation des logements accessibles aux résidents permanents.